La ruelle Phât Lôc à Hanoi

ruelle-phat-locPhât Lôc est une ruelle unique à Hanoï. Elle l’est à plusieurs titres. Située au cœur de l’ancien quartier baptisé “Les 36 Rues et Corporations”, elle est aussi étroite que courte (une centaine de mètres) et débouche sur les rues jouxtant la digue du Fleuve Rouge d’une part, la Rue des Saumures (Phô Hàng Mam) et la Rue des Jarres (Phô Hàng Chinh) d’autre part. Elle a vécu, depuis deux cents ans, des moments historiques et connu des changements sociaux hauts en couleur.

Au début du XVIIIe siècle, quand le territoire de la rue actuelle était encore très proche de la berge, un étudiant de l’Ecole des Enfants de la Nation1 de la famille des Bùi du village de Phât Lôc (district de Dông Quan, province de Thâi Blnh) vint s’y établir avec sa famille. D’autres familles du village suivirent, formant un nouveau village, noyau de la future ruelle. La maison N°30 est devenue la maison de culte familial des Bùi. L’ancien Hanoï s’est constitué à partir de l’adjonction de villages se transformant à la longue en quartier. L’origine des villageois est diverse : regroupement de gens partis d’un même village (tel le cas de Phât Lôc), ou de gens exerçant le même métier ou le même commerce (d’où la Rue du Chanvre, la Rue de la Soie, etc.). Ces rues ont toujours conservé chacune leur maison communale consacrée au culte du Génie tutélaire de leur anciens villages. Tel est le cas de la ruelle Phât Lôc dont la maison communale était bâtie à côté de celle d’un autre ancien hameau (au numéro 46A).

Il fut un temps où le village-ruelle Phât Lôc était occupé presque entièrement par les membres du clan familial des Bùi. Par la suite, arrivèrent quelques familles du clan des Ngô. Après les bouleversements causés par les deux guerres d’Indochine couvrant trente ans, il ne resta plus beaucoup d’habitants descendant des gens de Phât Lôc.

Au début du siècle, Phât Lôc abritait des familles d’artisans et de marchands (tissage, fabrication de tonnelets pour mettre la saumure nuoc mam, commerce du nuoc mam, fabrication du sucre…). Pendant les années 20- 30, la proximité des quais fréquentés par les chaloupes du Fleuve Rouge a favorisé l’éclosion des pickpockets, des prostituées, des fumeurs d’opium, de pauvres marchands ambulants (thé, soupe, riz gluant cuit à la vapeur, etc.).

Au début de la guerre de résistance contre les colons français, en 1946- 1947, au cours des combats de rue dans Hanoï assiégé, la ruelle Phât Lôc a offert une entrée pour le ravitaillement de l’extérieur et une sortie pour la traversée clandestine du fleuve.

Aujourd’hui, la ruelle, assainie et quelque peu modernisée mais toujours sans trottoirs, recèle des vestiges précieux qu’il faut sauver de la dégradation.

One thought on “La ruelle Phât Lôc à Hanoi

  1. J’ai séjourné dans une de ces petites rues… dans un hôtel choisi par Autentik Vietnam. En entrant dans la rue, sans trottoir, large de 3 m maxi je me demandais si le guide ne s’était pas perdu !
    Quelle erreur, un charmant hôtel était là et le séjour fut très agréable. Le matin de très bonne heure les petits vendeurs s’installent sur le pas de leur porte et l’on peut manger soupe, poulet, fruits…. Il en est de même le soir !
    Quelques pas nous permettent d’aller au Lac de l’Épée restituée et de se perdre dans le vieux Hanoï. Un superbe souvenir !!

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