Oserez-vous de plonger vos pieds dans un bac d’eau dans lequel frétillent des centaines de poissons qui viennent grignoter les peaux mortes ? Ce soin de massage exfoliant et indolore vient de débarquer à Hô Chi Minh-Ville.
Message au poisson
La «fish pédicure» est l’association d’un gommage naturel et biologique et d’un massage à but esthétique et de relaxation réalisé par des poissons – généralement de l’espèce Garra rufa, que l’on appelle «poisson-docteur» ou «poisson-chirurgien d’eau douce». Il s’agit de petits poissons de la famille des Cyprinidés, originaires de Turquie, qui vivent en banc au fond des rivières. Si ce type de service est devenu populaire dans de nombreux pays du monde, au Vietnam, il reste assez récent et ne se trouve, pour l’instant, qu’à Hô Chi Minh-Ville.
Au pied du pont Tham Luong, rue Truong Chinh, le Fish massage coffee est assez animé notamment les week-ends. Phuc, 30 ans, son patron, l’air confiant, informe que son établissement est «l’un des très rares à Hô Chi Minh-Ville à offrir de la +fish pédicure+». Le café de Phuc compte 15 aquariums divisés en trois catégories : pour une personne (1.500 poissons), 4-6 personnes (4.000) et 10 personnes (10.000). À peine entré dans le café, on demande au client s’il souhaite ce service. Si oui, il est invité à montrer les parties à immerger (main ou pieds) pour vérifier l’absence d’affection cutanée ou de plaies non cicatrisées. L’établissement se réserve le droit de refuser des personnes qui ne correspondent pas aux critères. Après une désinfection à l’aide d’un gel spécial, le client est amené à l’aquarium. Et c’est parti pour 30 minutes de détente avec un café à portée de main, les pieds entourés de milliers de poissons-docteurs !
Un Moment de détente
Les Garra rufa participent au gommage curatif en mordillant des parties de peau mortes, affectées ou couvertes de croûte, laissant ainsi la peau en bonne santé se régénérer. Ces poissons, qui n’ont pas de dents, appliquent de délicates succions pour se nourrir des peaux mortes. «Chaque séance dure en moyenne 30 minutes et coûte 50.000 dôngs», informe Phuc.
Le café attire beaucoup d’employés de bureau à l’heure du repos de midi. C’est le cas de Thuy Vân : «La première fois que j’ai entendu parler de ce service, je n’y ai pas cru. Alors j’ai décidé d’essayer, juste pour voir. Et depuis, je viens ici deux fois par semaine». Lê Tân Quôc est étudiant en 2e année de l’Université de la banque de Hô Chi Minh-Ville. Ce type de massage l’a conquis. «Chaque fois que je me sens stressé, j’y viens ici. Je suis sûr de profiter d’un bon moment de détente dans une ambiance très reposante. On en ressort les pieds tout doux et… l’envie de revenir le plus tôt possible !»
Parlant de son café, Phuc révèle qu’il a investi gros. «J’ai dépensé beaucoup d’argent pour importer les +Garra rufa+ au Vietnam. Il y a quelques années, un poisson se vendait en ligne 45.000-50.000 dôngs. Pour un service de +fish pédicure+, l’investissement de départ est important», confie-t-il. Phuc a pu importer ses poissons au prix de 20.000 dôngs la tête. Il est devenu au fil des années un grand connaisseur des Garra rufa et de leur élevage. D’après lui, ils peuvent vivre quatre ans et l’eau doit être maintenue à 25-27°C. Phuc juge qu’il faut être très minutieux dans la construction des aquariums et dans l’installation du système d’oxygénation.
Un invertissement important
«Avant d’aller aux aquariums, l’eau doit traverser un réseau de filtrage en vue d’éliminer toutes les impuretés. Les aliments, je dois pour l’instant les importer de Turquie. Ces poissons ne mangent pas ceux destinés aux poissons d’agrément», explique-t-il. Très souvent, ce patron a dû voir nombre de ses poissons mourir en raison des clients (qui jettent de la nourriture inappropriée) ou d’un changement brusque de leur environnement. En deux ans, Phuc a beaucoup investi dans son projet mais il espère rentabiliser l’affaire sous peu. Son café est de plus en plus connu à Hô Chi Minh-Ville et une destination appréciée des jeunes, toujours avides de nouveautés comme chacun sait.