Le festival de Long Chu est célébré par les habitants de la province de Quang Nam durant les 6e et 7e mois de l’année lunaire. C’est une célébration destinée à éloigner la chaleur et le vent. En fait, c’est également une façon de mobiliser la population pour nettoyer l’environnement local.
Dans les villages côtiers de la province de Quang Nam, durant la période de transition entre les chaudes journées de l’été et celles plus fraîches de l’automne, les habitants célèbrent le festival de Long Chu (Bateau-Dragon).
Les gens pensent qu’en cette saison les maladies tropicales prolifèrent, parmi lesquelles la conjonctivite, la diarrhée, la typhoïde et la dysenterie. Ils croient qu’elles sont provoquées par l’intervention de fantômes et de génies, et les festivités ont pour but de débarrasser la région de la chaleur et des mauvais esprits.
Dans le déroulement du festival, les aînés avisent les villageois qu’ils doivent nettoyer leur maison et leur jardin. On leur commande de remplir tous les points d’eau, et d’arracher tous les buissons le long de la route, car ils pourraient dissimuler des fantômes et des mauvais génies. Une équipe composée de jeunes hommes armés de couteaux et de sécateurs, guidés par un sorcier, traverse alors le village pour superviser le travail et contribuer à la cause. Tous les rochers, murs et troncs d’arbre, sont enduits d’un talisman repoussant le mal.
Un bateau-dragon de papier d’environ 4 ou 5 m de long est décoré de nombreux motifs géométriques et ornements colorés. À l’intérieur du bateau, est aménagé un autel où l’on place un bol d’encens et les offrandes, ainsi que des lanternes de chaque côté.
Ce bateau au nom signifiant « dragon » est doré et vermillon. C’est le moyen de transport des gens aisés. Pourtant, le peuple le pare d’un pouvoir magique permettant de prévenir les maladies, et la mort.
La veille du festival, le bateau-dragon est placé dans la cour de la maison communale, sa tête pointant vers l’autel du culte des génies. C’est l’endroit où le sorcier préside la cérémonie du culte.
Cette cérémonie a lieu à minuit, sous l’œil attentif des maîtres de cérémonie, pendant que brûlent chandelles et encens à l’intérieur de la maison communale. À l’extérieur, des drapeaux et des bannières sont tendus sur la routes et hissés aux portes de la maison communale. On frappe sur des gongs et des tambours pour alerter les génies et leur demander d’assister à la cérémonie.
Le maître de cérémonie porte une tunique ample ornée du bat quai (huit diagrammes) sur la poitrine. Il porte une serviette rouge sur l’épaule, destinée à effrayer les fantômes, et il tient une poignée de bâtonnets d’encens. Il est assisté par des aides et un groupe de huit musiciens.
Après le discours, trois coupes d’alcools et trois tasses de thé sont offerts, et l’on tourne progressivement le bateau pour qu’il soit face à la porte de la maison communale. Douze textes sont lus jusqu’à tard dans l’après-midi, puis commence la procession qui conduira le bateau le long de la route principale du village.
Sur l’ordre du maître de cérémonie, 12 jeunes hommes transportent le bateau à l’extérieur de la maison communale, et commencent à courir doucement au rythme des tambours, comme s’ils chassaient les fantômes. Derrière le bateau, quatre autres jeunes hommes brandissent des verges de mûriers, qui selon la croyance populaire, sont sensées repousser les fantômes. Les quatre hommes utilisent ces verges pour battre les buissons le long de la route et chasser les fantômes.
Puis, suit la procession formée de gens de tous sexes et de tous âges. Ils crient et rient bruyamment. Les villageois guettent la procession du seuil de leur maison. Des tas de pailles sont placés aux intersections des routes. Lorsque la procession passe, on enflamme la paille et on allume des pétards, dans une atmosphère de joyeuse effervescente.
Après avoir passé toutes les routes principales du village, la procession poursuit jusqu’à la rivière. Le bateau-dragon est alors mis à l’eau sous les cris de la foule. Les gens attendent jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon, et que les lanternes soient à peine visibles, avant de se disperser.
Dans les régions où il n’y a pas de rivière, les villageois choisissent un champ et y conduisent le bateau, où il est ensuite brûlé. Après quoi, tout le monde se rend dans une grande cour ou un espace ouvert pour festoyer jusqu’à minuit.
Le festival de Long Chu illustre les prières du peuple pour une vie saine et heureuse.