Vietnam, une tranche d’histoire (1940-1946)

histoire du VietnamEn Cochinchine, le 23 août 1945, le Viêt Minh occupa en quelques heures le Service de la sûreté puis tous les autres services. (Deux jours après, eut déjà lieu (à Sài gon), une manifestation solennelle, mobilisant au total des centaines de milliers de personnes… Le cortège, long de plus d’un kilomètre, remplit à craquer des avenues larges de 20 mètres et envahit même les trottoirs” (D’après le journal Su Thât ). Le Comité administratif du Nam Bô fut créé.

La Révolution proclama l’établissement d’un gouvernement provisoire pour tout le Vietnam. Après avoir vainement tenté de constituer un gouvernement reconnu par le peuple, Bao Dai abandonna son trône et signa l’acte d’abdication du 25 août qui se terminait par ces mots : “Vive notre République démocratique !”.

La République démocratique du Vietnam est née

À Hanoi, le Comité national de libération se renforça par l’adhésion de personnalités sans parti et se constitua en gouvernement national provisoire, avec Hô Chi Minh comme Président. Le 29 août, un détachement de l’Armée de libération fit son entrée dans la capitale, accueilli dans l’enthousiasme général. Le 2 septembre 1945, devant 500.000 habitants, le Président Hô Chi Minh déclara solennellement au monde l’Indépendance du Vietnam et la fondation de la fondation de la République démocratique du Vietnam.

“Un peuple qui s’est obstinément opposé à la domination française pendant plus de 80 ans, un peuple qui, durant ces dernières années, s’est résolument rangé du côté des Alliés pour lutter contre le fascisme, ce peuple a le droit d’être libre, ce peuple a le droit d’être indépendant… Le peuple du Vietnam tout entier est décidé à mobiliser toutes ses forces spirituelles et matérielles, à sacrifier sa vie et ses biens pour sauvegarder ce droit à la liberté et à l’indépendance”.

Les passages suivants, extraits d’un journal de l’époque, nous donnent une idée de l’atmosphère de spontanéité et d’allégresse dans laquelle le peuple a célébré la première Fête nationale (2 septembre 1946), celle qui mit fin à une longue période d’esclavage de 80 ans:

“La population attend avec impatience la Journée de l’Indépendance, plus impatiente peut-être qu’un candidat à la veille de l’examen.

“Le soir du samedi, les petits sont pressés d’aller au lit de bonne heure en prévision de la manifestation du lendemain. Mais comme aux nuits de réveillon, ils ne peuvent se résigner à aller au lit quand, dans les rues, leurs pères et leurs aînés s’acharnent à suspendre des lampions, à dresser des arcs de triomphe.

“2 septembre. Le parvis et l’intérieur de la Cathédrale de Hanoi sont décorés avec faste, comme pour les jours de cérémonie. Sur de grandes banderoles, on lit : +Le Vietnam aux Vietnamiens+, +Il faut rendre l’Église vietnamienne aux prêtres vietnamiens+.

“À 9 heures précises, les membres du gouvernement provisoire arrivent. Le Comité de contrôle allié envoie une délégation. En outre, 40 bonzes sont présents à cette cérémonie en l’honneur de la Patrie, pour marquer l’union durable et sincère des religions dans le culte de la Patrie.

“À 14h30, le Président Hô Chi Minh et les membres du gouvernement provisoire arrivent au monument de l’Indépendance… Ils montent à la tribune d’honneur au milieu d’un tonnerre d’applaudissements… En lisant la Déclaration d’Indépendance, le Président s’arrête de temps à autre pour demander avec affection : +Compatriotes ! M’entendez-vous bien ? … +.

“Un chœur d’un demi-million de +oui !+, et après chaque réponse, un silence absolu.

“À la maison, les ménagères préparent de véritables festins pour fêter la Journée de l’Indépendance. Dans beaucoup de rues sont organisés des thés publics… Autour des tables installées sur les trottoirs, se réunissent les habitants de la rue pour s’entretenir des affaires publiques. Une quête organisée par la population de la rue Chân Câm reçoit 2.000 piastres à l’intention des troupes de libération. Les jeunes gens de la rue Phuc Châu et de la rue des Bambous dressent un autel de la Patrie et font le serment de s’unir, de se sacrifier, de lutter pour la Patrie”. (D’après le Dân-quôc).

Seul un tel enthousiasme, seule une telle soif de l’indépendance au sortir de 80 années d’esclavage, peuvent expliquer la rapidité et le succès des premières mesures prises par le pouvoir révolutionnaire pour frapper l’impérialisme et le féodalisme. Partout dans le Vietnam, de la montagne au delta, se constituèrent des comités du peuple qui renversèrent l’ancienne machine féodale et coloniale. Les portes des prisons s’ouvrirent, rendant la liberté aux prisonniers politiques. Les traîtres à la Patrie furent condamnés. L’odieux impôt personnel fut aboli, l’ancien régime fiscal remanié. Les rentes et les fermages furent réduits, les terres communales furent l’objet d’un partage plus équitable. Des mesures sociales furent prises, le mouvement syndical encouragé. Les entreprises ravies par les Japonais aux Français furent provisoirement remises à la gestion du gouvernement et du peuple. Les libertés démocratiques furent garanties. Les groupes ethniques, petits et grands, furent traités sur le même pied d’égalité. La femme reçut les mêmes droits que l’homme.

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