Xiêm Can est une vieille pagode de l’ethnie minoritaire khmère datant de 1887, située dans la commune de Hiêp Thành, ville de Bac Liêu (Sud). Un joyau architectural ainsi qu’une destination de tourisme spirituel bien connue.
Relevant du bouddhisme du Petit Véhicule (Hîna-yana), la pagode doit son nom au groupe linguistique Tiên des Chinois Triêu Chau vivant en grand nombre à Bac Lieu. Xiêm Can signifie « à proximité de l’eau» car l’emplacement de la pagode était jadis une étendue de terre bordant la mer. Longeant un chemin ombragé de longaniers centenaires, nous arrivons à Xiêm Can dont l’architecture originale se détache sur fond de ciel bleu. Elle mérite bien sa réputation d’être l’une des plus grandes et des plus belles pagodes khmères du Sud du Vietnam.
Le portique d’entrée nous a fortement impressionné. Tourné vers l’Est, il est surmonté de 3 tours rappelant celles d’Angkor et sculpté de motifs décoratifs – des serpents à têtes multiples. Joint au portique est le mur qui forme l’enceinte de la pagode sur laquelle on retrouve les mêmes motifs ornementaux.
La pagode est distante du portique d’entrée de 100 m, ce qui lui permet d’être entourée d’un monde de verdure la séparant de l’extérieur. Le calme, la fraîcheur qui y règnent nous font ressentir encore plus profondément le caractère paisible et majestueux du lieu.
Le sanctuaire principal est tourné vers l’Est car, selon la conception des Khmers, le chemin de pèlerinage de Bouddha commença à l’Ouest pour s’achever à l’Est. Ce sanctuaire repose sur un piédestal en briques haut de 1,5 m, à 3 niveaux et doté d’une véranda. La toiture comporte plusieurs couches superposées de manière à former un cône. Les coins du toit sont ornés de longues queues de serpent, souples, recourbées et pointées vers le ciel. Entre les couches superposées se trouvent des motifs décoratifs évoquant des dragons à double têtes, couchés dans toute leur longueur, la queue recourbée vers le ciel. Leurs poses rappellent ainsi le ghe ngo, ce bateau traditionnel des Khmers que chaque village conserve soigneusement dans sa pagode.
En entrant dans le sanctuaire, tout visiteur se doit d’enlever son chapeau et ses souliers en signe de respect. Un autel dédié à Bouddha, accompagné de sa statue d’une grande taille, trône au milieu et à l’endroit le plus haut. Sur des étages plus bas sont disposées d’autres statues, toutes dans des poses différentes évoquant ainsi les différentes réincarnations de Bouddha. Les bas-reliefs, les motifs ornementaux aux couleurs éclatantes, sculptés sur les murs, le plafond et les colonnes retracent la vie de Bouddha et l’épopée Reamker (une « reproduction » du Ramayana, épopée indienne bien connue).
A l’extérieur, faisant face au sanctuaire se trouve une construction simulant un pilier, sculptée de serpents à 5 têtes, où les fidèles peuvent allumer des bougies les jours de culte. La signification est que le bouddhisme pousse les humains à faire le bien comme Bouddha a pu apprivoiser les serpents grâce à sa bonté, sa charité.
La pagode est aménagée de manière harmonieuse avec les autres constructions telles que logements des bonzes, temples et Sala – maison de réunion où bonzes, fidèles se retrouvent avant les séances de culte. Notons encore les tours qui s’élèvent aux alentours du sanctuaire, où sont déposées les reliques des bonzes éminents et qui sont une des caractéristiques des pagodes khmères.
Comme beaucoup d’autres pagodes khmères du Sud du Vietnam, Xiêm Can est aussi une centre culturel où sont conservées des œuvres littéraires anciennes, et où les enfants peuvent venir apprendre pendant 3 ans la langue khmère, le Pali et le Dharma.
Source: VNP